Biographie
Emmanuel Dilhac est né en avril 1939 d’une mère ardennaise passionnée de lecture et de poésie et d’un père graveur diplômé de l"École Estienne", qui sera tué sur le front en septembre de la même année.
Du côté maternel, la famille Brion s’est distinguée dans la musique et dans l’enseignement et tous excellent vis-à-vis du dessin d’observation.
Avant la seconde guerre mondiale, le grand-père Brion dirigeait l’Harmonie de Charleville-Mézières; c’était aussi un brillant et honoré compositeur de valses quand il ne peignait pas.
Emmanuel Dilhac va suivre durant quatre années les cours de la prestigieuse "École Estienne" située Boulevard Blanqui à Paris.
Après son diplôme, il fera une année supplémentaire en gravure de timbres sur acier.
Un jour, à la sortie de l’établissement, il demeure ébloui par la lumière donnant sur le kiosque à musique et les ombres bleutées fournies par les arbres. "Je serai peintre" se dit-il alors.
A travers l’événement s’inscrit comme un symbole, le kiosque évoquant sans doute celui de Charleville évoqué dans les vers de Rimbaud et des "correspondances" entre les signes, les sons et les couleurs qui vont emplir la pensée d'Emmanuel Dilhac tout au long de son existence.
En 1958 (il n’a pas 20 ans), il expose à la Galerie Royale à Paris. Ses tableaux traduisent une vision de plein air; il plante son chevalet devant un horizon de l’Oise, un ensemble de gerbes de blé, des meules de paille, une roulotte de berger avec un chien qui veille, de vieilles maisons paysannes et des arbres florissants au bois de Boulogne sont alors sources d’inspiration.
On dénote une facture impressionniste fournie par petites touches, une série que son professeur de dessin d’art Albert Flocon affichera en classe.
Il suit aussi les cours du soir à la Ville de Paris dirigés par René Malassinet. Pupille de la Nation, il n’ira pas en Algérie; il est incorporé au 93ème RI du camp de Frileuse à Beynes près de Versailles.
A l’aumônerie, il organise des expositions de peinture, de dessins et photos réalisés entre deux manœuvres et diverses occupations militaires par quelques artistes réunis dans ce même contingent.
Il rencontre et se lie d’amitié avec Jean-Sébastien Béreau, élève d’Olivier Messiaen qui l’invite à créer des œuvres spontanées sans modèle; avec Georges Rabol, pianiste classique et de jazz dont il a fait un portrait, avec Jean-Claude Bernède qui créera plus tard son célèbre quatuor et Jean-Claude Magloire, hautboïste qui dirigera plus tard l’Ensemble des grandes écuries du Roy.
A son retour à Courbevoie, après un rapide parcours comme graveur-retoucheur dans une imprimerie, il s’installe à son domicile comme graveur sur bijoux en artisan indépendant.
À nouveau, il dessine intensément et peint sur tous sujets.
En 1965, une quarantaine d’œuvres seront acquises pendant une exposition toujours à son domicile et donnera lieu à un article élogieux dans la Revue Moderne.
Après de longues séries figuratives et suite à un voyage familial dans les Ardennes, devant le spectacle immense de la vallée de la Meuse, c’est en fils "Rimbaldien" qu’il se décide à traduire désormais ses états d’âme, ses impressions par une expression picturale exploratrice qu’il pressent hors de la vision première de l’œil. Un de ses amis scientifiques reconnaît dans un de ses dessins d’une série intitulée "Les Divagations", une certaine cellule appartenant au corps humain.
C’est alors une nouvelle illumination et une confirmation sur le chemin pictural qu’il se doit désormais de déchiffrer peu à peu: peindre au-delà de la première apparence...
Parallèlement poète, il déchiffre les possibilités de sa voix; rêvant d’opéra, il prend quelques cours en tant que ténor mais auteur-compositeur-interprète, il s’accompagne à la guitare et chante rapidement lors de récitals; il propose quelques 25 chansons dans divers lieux culturels, foyers et maisons des jeunes de la banlieue parisienne et à travers la France, dans des cabarets parisiens, en particulier Chez Ubu, cabaret de Monique Morelli où il rencontrera Serge Kerval, Julos Beaucarne...
Il fait aussi partie du groupe Le Gémmail avec Léna Lesca et Philippe Morin. Parfois s’adjoint le chanteur portuguais José Branco.
Il organise des expositions, des soirées au service de causes humanitaires pour la Ligue des droits de l’Homme ou encore pour Amnesty International dont il fait partie.
Il dessine pour la revue de poésie Strophes dirigée par Daniel Abadie qui deviendra directeur de la Salle du Jeu de Paume puis directeur du Centre Beaubourg à Paris.
A Beauvais, il expose et reçoit le Grand Prix de Peinture de la ville et le Prix Arthur Rimbaud au cours d’un salon présidé par André Borderie directeur du Musée des Gobelins.
Il donne des conférences sur l’Impressionnisme et accomplit de nombreuses soirées musicales au sein de l’"Association Philéas Lebesgue" (poète paysan) présidée par Marcel Caloin.
À Amiens, ville voisine, il obtient le Prix de la Chanson du Nord et chante sur TF1 à l’émission du culte protestant.
En 1968, il organise le1er Salon d’Art Moderne au foyer des jeunes travailleurs de Beauvais avec les peintres abstraits Jacques Démoulin, André Gence, Esposito Farèse et Eliane Guerard.
En 1970, il devient animateur culturel pour la ville de Rouen à la Maison du Plateau.
Il en fait un haut lieu culturel sous tous ses aspects en organisant là aussi le 1er Salon d’Art contemporain de la ville sous le nom de La Nouvelle École de Rouen avec la participation des peintres pionniers normands Georges Breuil, Roger Tolmer, Jacques Démoulin, Raoul Camuset, Jean Bréant, Gérard Gosselin, Tony Fritz-Villars...
Il réunit poètes et chanteurs en reprenant le nom du Gémmail pour animer de nombreuses soirées.
Au cours de l'une d'elles, Luc Bérimont viendra enregistrer pour la Télévision, sa célèbre émission La Fine Fleur de la Chanson Française.
En 1972, il entre dans l'enseignement où il exercera pendant plus de 25 ans dans différents collèges comme professeur d’arts plastiques, tout en continuant son aventure artistique.
Pendant cette période, il se lie d’amitié avec Michel Dalmasso, peintre d’Art Brut et musicien de sons hétéroclites; ils donnent plusieurs concerts en commun.
Leur entreprise est soutenue par Jean Dubuffet qui écrit à Emmanuel: "J’applaudis à toutes vos recherches".
De 1976 à 1980, avec le groupe musical des Parasites, Emmanuel Dilhac produira 4 disques de chansons (vinyles).
Télérama louera dans un article: "La voix pinceau d’un novateur hardi"....
Des commandes de médiathèques nationales et étrangères s’ensuivent.
Il suit des cours d'expression corporelle et de danse contemporaine, fait partie du groupe de recherches vocales et musicales dirigé par Jacques Petit au Conservatoire de musique.
Il étudie les cris et chants animaliers et développe sa recherche sur les origines du son, des instruments et des langages.
Il devient un pionnier en matière d’installations au sol d’objets ramassés, collectionnés dans la nature.
Certaines de ses installations vont donner lieu à de nouvelles formes de concerts avec un "instrumentarium" de pierres, os, bois, graines, coquillages... aussi beau à voir qu'à entendre.
Il anime des stages corps-voix-écritures.
Il est invité au 1er Congrès de musicothérapie à Paris et anime un stage au 1er Congrès international sur la voix humaine à Bordeaux.
Ses "Totems" représentatifs des mouvements des volcans seront exposés au 1er Salon de vulcanologie à Fontainebleau.
Il suscite et organise des rencontres, des festivals ruraux d’art et d’artisanat à domicile où auront lieu également des parties musicales novatrices avec entre autres, le groupe Impressions Plus dont il sera membre pendant quelques années, groupe dirigé par le pianiste Patrick David.
Christian Goubault, critique musical à Paris-Normandie s’est enthousiasmé pour leurs innovations techniques et sonores.
Ses livrets et recueils poétiques en correspondances de "mots-images" participeront à plusieurs émissions sur France Culture ("Poètre me dit l’enfant", "Je suis plusieurs").
Il illustre aussi des poèmes d’autres auteurs: Van Der Velde, Luis Porquet, Léna Lesca...
Il crée le Collectif chanson de Seine-Maritime avec Annie et Didier Dégremont, Michel Henry, Alain Leprest, Sylvain Atrous).
Il mènera de front sa musique et sa peinture.
De1990 à 2000, il expose ses œuvres murales et sa "Rythmique Peinture"dans plusieurs galeries en France et dans les Biennales d’Art contemporain (Nice, Strasbourg, Gand) et plus régulièrement à la galerie Schèmes, à Lille. Un remarquable catalogue est alors édité grâce au mécénat de l’entreprise lilloise "PLD".
En 1994, il donne des concerts de didgeridoo et suscite un premier Festival de didgeridoo à l’Ambassade d’Australie où il donne plusieurs concerts avec ses propres instruments et fera aussi toujours à Paris des démonstrations, des animations au Salon Musicora.
Avec Philip Peris, ils seront les premiers à éditer un CD de cet instrument des aborigènes d’Australie.
Depuis l’an 2000, surnommé "l'homme qui fait chanter les pierres" (Ouest France) ou encore "celui qui entend un arc-en-ciel de tons là où d’autres n’entendent que du bruit"( New York Herald Tribune), il présente ses recherches sonores aux concours sur France Culture sur la recommandation du preneur et créateur de sons Bernard Petiton.
Il reçoit le Grand prix Chasseurs de sons, doublé du Prix des créations musicales Pierre Schaeffer, et l’année suivante, il obtient le Prix du musée Radio France.
Ses concerts Woolloo-Wakan (près d'une tonne de matériel) organisés sur 3 fois 12m de façade sont uniques au monde; une véritable symphonie est alors accueillie comme une musique qui allie le primitif à la musique contemporaine à la fois sur des scènes conventionnées, des festivals, en milieu culturel ou naturel et dans différents et prestigieux musées (Les Eyzies, Tautavel, le Grand-Pressigny, Argentomagus, la Cité de la Musique, le Musée du Quai Branly, le musée d’Histoire naturelle à Lyon et à l’étranger en Suisse, Belgique, Italie, Angleterre...).
Il a crée de nombreuses séries de peinture, de nouvelles installations au sol et réalise des performances, des événementiels, des résidences où il peut joindre ses musiques et ses œuvres plastiques d’importance (Centre Hyppolite Mars à Equeurdreville, à St Jean de la Ruelle, au musée du Grand-Pressigny, à la Halle au blé à Alençon, à L’Aigle, en résidence d’artistes à Digne-les-Bains...
Il a produit 14 CD, certains en collaboration avec des créateurs authentiques.
Ainsi, la trilogie Ocre Rouge a reçu les éloges de la revue Diapason.
Transpariétal a été produit avec les chanteurs-expérimentateurs de la voix humaine Laure Mollier et Laurent Bernay, tout comme Ayawaska préfacé par le préhistorien Jean Clottes.
Le CD l’Écriture des pierres, mêle la musique des pierres d'Emmanuel Dilhac avec la lecture à voix haute, mise en scène par Frédérique Bruyas, à partir des poèmes de Roger Caillois.
Le CD Boudiddah fait jouer l’instrumentarium d'Emmanuel Dilhac avec le chant et les sons diphoniques à travers le monde de Catherine Darbord (spécialiste et animatrice de stages) et le musicien Bernard Boudet, créateur de ses propres instruments.
Emmanuel Dilhac a publié une trentaine de recueils de poésie, et son itinéraire pictural enrichi de ses multiples expériences artistiques lui permettent de poursuivre sans relâche et toujours avec le même plaisir son œuvre créatrice...
"La création d’une œuvre à nul autre comparable" comme l’a écrit la Voix du Nord.
... Aujourd’hui, il donne priorité à des "Evénementiels" lors de résidences artistiques, où il peut montrer son ouvrage conséquent en correspondance de signes et de sons comme à Lorient en sept points de la ville, à la Halle au Blé d’Alençon, à St jean de la Ruelle, à Pontscorff, à l’IUFM de Rouen, au centre René Char à Digne-les-Bains...