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L'ECRITURE DES PIERRES

 

Hommage à Roger CailloisPour Roger Caillois, la poésie est l’aboutissement d’un long et difficile parcours. Toute son oeuvre se résume à tenter de mettre en lumière «un aperçu sur l’unité et la continuité du monde physique intellectuel et imaginaire ou premiers éléments d’une poétique généralisée». Ce que Caillois lit dans les pierres ce sont «les signes multiples et conjugués de la cohérence du monde», c’est «l’écriture permanente du monde». Il postule une « poésie généralisée», c’est-à-dire une poésie qui s’applique à l’ensemble des êtres et des choses, à la totalité de l’univers.Alors «poésie sans image, presque imperceptible, au premier abord toute comparable à la prose et pourtant la plus éloignée d’elle. L’expression est nue, d’un dépouillement total, d’un naturel presque trivial, semblable à celui de la première phrase venue. Mais la différence lentement se fait connaître. La banalité apparente manifeste peu à peu de singuliers pouvoirs». Je souhaite donner à entendre cette voix singulière qui est celle de Roger Caillois. Elle est faite d’un alliage précieux qui celui d’une parole où la pensée se donne à voir dans ses errances,ses tâtonnements et ses victoires. C’est à l’écoute de cette pensée-parole que nous engage l’écriture de Roger Caillois. Alors, d’une part faire découvrir des textes extraits de certaines de ses oeuvres autres que ses recueils poétiques, comme Le fleuve Alphée, Le champ des signes et Esthétique généralisée, et d’autre part quelques-unes de ses méditations poétiquesavec des textes extraits de Pierres, Pierres réfléchies et L’écriture des pierres.F.BruyasEmmanuel Dilhac est l’inventeur d’une recherchesur les origines des instruments de musique et des langages depuis 20 ans. Son univers inouï est à la croisée de la musiqueconcrète, des arts bruts ou premiers, de la poésie des bruits et des sons. Poète, plasticien, sculpteur, musicien, Dilhac est aussi un «archéologue» des sons et des résonancessensibles entre les arts. Il tire du chant des pierres de fabuleuses harmonies et couleurs de son et il allie l’originel à une vision artistique contemporaine ; ses concerts sont de véritables performances, ses installations d’objets naturels ouvrent une voie unique entre l’Art Brut et le Land Art.www.emmanuel-dilhac.comFrédérique Bruyas conçoit la lecture à voix haute comme un inépuisable champ d’expérienceshumaines, dont l’objet est la littératuredans sa variété et sa vitalité. Son goût profond pour la parole adressée, une parole à l’écriture singulière et le dénuement de cette parole transmise le livre en main est à l’origine de son engagement artistique. Sa formation initiale de comédienne et de musiciennea développé chez elle une écoute sensible de la matière littéraire. L’écriturecontemporaine d’un auteur comme Jacques Rebotier a très tôt influencé la direction de son travail. Pour elle, la voix-instrumentdoit être au service de l’écriture pour révéler ce qui fait la chair d’une pensée. Dès lors, elle appréhende chaque texte comme une «partition de paroles», quel que soit le répertoire : classique ou contemporain. Aujourd’hui, au sein de sa compagnie Escargot Ma Non Troppo, elle s’intéresse particulièrementà la forme «lecture-concert», fruit de ses rencontres avec des auteurs et des musiciens,et poursuit ses recherches artistiques vers d’autres concepts: lecture polyphonique (avec le collectif Vox Libris), lecture bilingue,lecture et arts numériques…

L’odyssée d’un chasseur de sonsDilhac rend hommage à Roger CailloisPlasticien, musicien, homme à multiples facettes, Emmanuel Dilhac est un créateur surprenant. Avec la comédienne Frédérique Bruyas, il vient d’enregistrer un disque compact en hommage à Roger Caillois, l’Ecriture des Pierres. Concocté par les soins de Pierre-Alexis Quoniam, cet album à nul autre pareil (le 13ème d’une longue série) exalte la voix profonde du grand poète français. Originale autant qu’inclassable, l’œuvre d’Emmanuel Dilhac est l’une des plus protéiformes que nous connaissions. Reconnu bien au-delà des frontières normandes, cet artiste issu de l’Ecole Estienne est ce qu’on appelle un cas d’espèce. Ses recherches sonores, auxquelles se sont intéressées de hautes sphères scientifiques, l’ont amené à construire ses propres instruments, avec les éléments que lui fournit la nature. Les pierres, qu’il collecte lui-même et manipule amoureusement depuis de nombreuses années, sont ainsi devenues ses complices de chaque instant. C’est d’elles qu’il tire ses créations déroutantes autant qu’inspirées, tant sur le plan acoustique que plastique. Sa fascinante palette sonore prend un aspect impressionnant quand Dilhac la déploie dans les lieux où il produit. Il y a cinq ou six ans, Ocre rouge, un disque enregistré en Dordogne avec Laure et Laurent Bernays, fut salué par la prestigieuse Revue du Son comme l’un des dix albums les plus intéressants de l’année. Reconnu par d’éminents experts, Dilhac peine paradoxalement à déplacer les responsables culturels seinomarins, plus occupés peut-être à prospecter hors de nos murs qu’à regarder devant leur porte. Cette attitude a tout de même de quoi interpeler. Dilhac hélas n’est pas seul à connaître ce paradoxe. Quoi qu’il en soit, son œuvre s’impose par sa teneur. Dans un paysage obstrué par le conformisme et le copinage médiatique, les artistes comme Dilhac, s’ils dérangent les idées reçues, finissent toujours par récolter les fruits de leur travail. La rencontre d’Emmanuel Dilhac et de Frédérique Bruyas remonte à une quinzaine d’années. Exigeants l’un et l’autre, ils se reconnurent mutuellement, ce qui déboucha sur une collaboration dont l’hommage à Roger Caillois (1913-1978), poète dont l’itinéraire fut associé au mouvement surréaliste, nous offre une brillante illustration. Normalien, linguiste, académicien, érudit insatiable, Caillois fut l’un des esprits les plus sémillants de son temps. Paru en 1970, l’Ecriture des Pierres cristallise sa passion pour le monde minéral et son étincelante beauté. Comédienne, conteuse, adepte de la lecture à voix haute, Frédérique Bruyas nourrit un intérêt particulier pour cet auteur de premier plan. Passionné lui aussi par les pierres, Dilhac n’eut guère de peine à entrer dans le propos de sa complice. C’est ainsi que naquit l’idée d’un disque, enregistré avec l’aimable autorisation de Catherine Rizea-Caillois. Sur ce CD, voix et sons se succèdent ou s’interpénètrent, créant une atmosphère proprement envoûtante. Rares sont les comédiens capables de faire vivre et respirer un texte avec autant de ferveur et de vérité que Frédérique Bruyas. Tirant sa propre inspiration des poèmes de Roger Caillois, Dilhac se transcende, donnant aux textes ciselés du poète un prolongement sonore crépitant de subtilité. Enregistré et mixé par Pierre-Alexis Quoniam, ce disque se savoure d’une oreille attentive, mobilisant sans cesse l’imaginaire de l’auditeur. « Lorsque je regarde attentivement les pierres, écrit Caillois, je m’applique parfois, non sans naïveté, à en deviner les secrets. » Les pierres ne sont-elles pas comme du temps coagulé ? Luis PorquetContact production lecture-concert «L’écriture des Pierres» : Compagnie Escargot Ma Non Troppo 06.77.51.47.15

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